Explications et mémo de terrain pour reconnaître facilement les cercopes rouges et noirs…

Carnet d’identification rapide
Pour les naturalistes amateurs qui ne se rendent qu’occasionnellement sur le terrain et ne font pas de détermination sur photos ou échantillons le reste du temps, il est difficile de progresser en matière d’identification d’espèces. Qu’il s’agisse de flore, de faune, ou de champignons, une fois la saison passée, les mois défilent et on a tôt fait d’oublier ce que l’on avait patiemment appris ! L’année suivante, il faut rechercher dans les guides et autres clés d’identification les détails nécessaires pour remettre un nom sur ce que l’on observe…
Les articles « Carnet d’identification rapide » vous livrent des mémos pour savoir immédiatement quoi regarder pour identifier des espèces sauvages courantes. Des équations pour résumer l’essentiel vous permettront de disposer d’un outil plus léger qu’une clé d’identification classique ou qu’un support rempli de photos. Un mini carnet d’identification rapide téléchargeable, qui s’enrichira au fil des articles, vous permettra d’avoir à portée de main les informations qu’il faut.
Les cercopes rouges et noirs sont de ces insectes aisés à identifier sans aucune manipulation, pour peu que l’on vérifie les bons détails.
Vous pouvez lire l’article complet ou vous rendre directement aux équations simplifiées sur les cercopes.
Qui sont les cercopes ?
Les cercopes sont des insectes de l’ordre des hémiptères, comme les punaises ou les cigales. Au sein de cet ordre, les espèces ont toutes une bouche formée d’un rostre qui leur sert à piquer les végétaux (rarement les animaux) pour en sucer le contenu. Les hémiptères ont deux paires d’ailes. La paire antérieure, celle visible au repos, est souvent partiellement dure, un peu comme une cuirasse.
Les cercopes mesurent environ 1 centimètre et sont de forme plutôt ovale, avec une petite tête saillante. Leurs pattes avant leur permettent d’évoluer sur les tiges (et souvent de tourner autour pour se cacher de l’observateur !), tandis que leur dernière paire de pattes leur sert à sauter. Ils sont plats sur le dessus et leurs ailes antérieures sont bien inclinées, ce qui leur donne un aspect trapu. Ils se rencontrent souvent dans les prairies, sur les plantes herbacées ou les arbustes.
Bien que ce ne soit pas les seules à en produire, les larves de cercopes excrètent pour se protéger une écume qui peut attirer l’attention parmi les herbes. Sa ressemblance avec de la bave lui a donné l’appellation commune de « crachat de coucou ». Le cercope Cercopis vulnerata est d’ailleurs lui-même surnommé Crachat de coucou.
Parmi les espèces présentes en France, quatre ont une distribution assez large, même si elles sont davantage répandues dans le midi. La cinquième espèce est rare et méridionale.
Petit lexique entomologique
Il n’est pas incontournable de savoir utiliser ces termes, mais en langage non vulgarisé, tel est le vocabulaire…
Le pronotum, c’est la partie supérieure du thorax d’un insecte, c’est-à-dire le haut de son dos, juste à l’arrière de sa tête.
Ce qui est proximal se situe près du point d’attache d’une aile, autrement dit vers le pronotum, donc vers la tête.
Ce qui est apical se trouve à l’opposé du point d’insertion d’une aile, vers l’arrière de l’insecte.
Ce qu’il faut regarder chez un cercope
Étape 1 : la couleur : Pour les cercopes qui nous intéressent ici, on se concentre d’abord sur la couleur, avec toujours deux alternatives : soit rouge, soit noir. Deux endroits du corps sont à observer :
- Les genoux : rouges ou noirs ? Si la réponse est rouge, le travail est terminé !
- Le bord externe des ailes antérieures (la bordure de la partie visible de l’insecte) : rouge ou noir ?
Étape 2 : le dessin : On vérifie ensuite quelle est la forme des taches :
- Regardez la tache rouge proximale présente sur chacune des deux ailes antérieures. Ces taches forment comme des épaulettes : se touchent-elles presque ou sont-elles éloignées l’une de l’autre ?
- C’est au tour de la tache rouge apicale présente sur chacune des deux ailes antérieures, vers l’arrière de l’insecte : est-elle très arquée, suivant presque la forme de l’aile antérieure à son bout, ou juste un peu sinueuse ?
Étape 3 (optionnelle, pour les consciencieux) : la carène : Y a-t-il une ligne en relief entre les yeux ?

Le nom de votre cercope

Si l’individu que vous avez trouvé a des genoux rouges, c’est le Cercope intermédiaire (Cercopis intermedia).

Si ses pattes sont noires et que ses ailes antérieures sont bordées de rouge, c’est l’Hématolome (Haematoloma dorsata).

Si ses pattes sont noires, que ses ailes antérieures sont bordées de noir, que ses épaulettes rouges se rejoignent et que ses taches apicales sont très arquées, c’est le Cercope sanguin ou Cercope rouge sang (Cercopis vulnerata). Pour se rappeler ce critère, on peut faire le lien entre la forme accentuée presque en « V » de la tache apicale et le nom scientifique qui commence par un « V » : « vulnerata ».

Si ses pattes sont noires, que ses ailes antérieures sont bordées de noir, que ses épaulettes rouges sont éloignées et que ses taches apicales sont légèrement sinueuses, c’est le Cercope sanguinolent (Cercopis sanguinolenta). Pour reprendre une astuce similaire à la précédente, on peut penser au « S » de « sinueux » pour « sanguinolenta ».
Des noms sanguins
À noter qu’il n’existe pas de consensus sur le nom français d’Haematoloma dorsata. C’est le nom scientifique qui est utilisé. Même si des noms français sont régulièrement employés pour les autres espèces, rien n’est très arrêté. Et comme il est beaucoup fait référence au sang, il n’est pas évident de s’y retrouver… Pour plus de simplicité (certes relative), le mieux reste de mémoriser directement les noms scientifiques, plus fiables, et qui offrent en l’occurrence des moyens mnémotechniques.

Un dernier en prime

Une autre espèce, beaucoup plus rare et localisée dans la moitié sud de la France, ressemble à Cercopis sanguinolenta. Elle possède cependant une carène entre les ocelles, c’est-à-dire une ligne en relief au milieu de ses yeux. Comme cette ligne est également noire, une observation attentive est nécessaire pour la déceler. L’insecte a aussi un aspect plus trapu. C’est Cercopis arcuata, dit Petit cercope.
Les cercopes en équations
Genoux rouges = Cercope intermédiaire (Cercopis intermedia).
Marge rouge = Hématolome (Haematoloma dorsata).
Épaulettes rapprochées + Taches arrière en V = Cercope sanguin (Cercopis vulnerata).
Épaulettes éloignées + Taches arrière sinueuses = Cercope sanguinolent (Cercopis sanguinolenta).
Cercopis sanguinolenta + Ligne en relief entre les yeux = Petit cercope (Cercopis arcuata).

Références
Site ressource sur les insectes : http://aramel.free.fr.
DUSOULIER François, Clé des Cercopidae du Massif armoricain, extrait de l’article « Hémiptères nouveaux ou rares pour le Massif armoricain (Hexapoda, Hemiptera) » paru dans le Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France, nouvelle série, tome 26 (2) (issue du site http://hemiptera.free.fr).
Site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel proposé par le Muséum National d’Histoire Naturelle : http://inpn.mnhn.fr.
LERAULT Patrice, HODEBERT Gilbert, L’album des insectes, Delachaux et Niestlé, 1999.
LUPOLI Roland, DUSOULIER François, Les punaises pentatomoidea de France, éditions Ancyrosoma, 2015.
Site Le Monde des insectes : http://insecte.org.
SOULIER-PERKINS Adeline, COOL, Cercopoidea Organised On Line, Référentiel taxonomique dédié aux insectes Hémiptères Cercopoidea : https://hemiptera-databases.org/cool.