On sait généralement que le plancton peuple l’eau. Souvent, on le connaît grâce aux baleines à fanons, dont il constitue la principale nourriture… En dehors de ce fait, il nous semble parfaitement invisible et sa place dans le monde du vivant ne nous paraît pas très claire. Est-ce animal ou végétal ? Qu’est-ce qui le caractérise ? Qu’est-ce que le plancton ?
Pleine eau et dérive
S’interroger sur la définition du plancton revient à se pencher sur les strates des milieux aquatiques et sur les moyens de s’y déplacer. Le mot plancton vient du grec « planktos », qui signifie errant. Cet adjectif reflète précisément ce qui le définit : le plancton correspond à l’ensemble des organismes vivants qui dérivent en pleine eau. Il se distingue par ces deux attraits des autres organismes aquatiques.
Le plancton est dit « pélagique », par opposition aux organismes benthiques. Le domaine pélagique se rapporte à ce qui se trouve dans la pleine eau. Pour se souvenir de ce terme, issu du grec, on peut penser à un archipel, qui a la même racine. Le domaine benthique, lui, correspond au fond.
Un poisson comme la Castagnole (Chromis chromis), commune en Méditerranée, est par exemple un habitant du domaine pélagique, tandis que les étoiles de mer sont des représentantes du domaine benthique.

Banc de Castagnoles en pleine eau et Étoile de mer rouge (Echinaster sepositus) sur le fond : deux exemples facilement observables des habitants des domaines pélagique et benthique.
Dans le fond, certains organismes demeurent fixés, tandis que d’autre rampent, voire nagent. Parmi les organismes pélagiques, il en existe qui se déplacent activement, le necton, et d’autres qui se laissent porter de manière plus ou moins active : c’est le plancton.

La Saupe (Sarpa salpa) fait partie du necton : elle se déplace activement, contrairement au plancton. Sa nage est facilitée par son profil hydrodynamique.
Les organismes du plancton sont parfois aptes à se déplacer de leur propre gré. Cependant, leurs capacités dans ce domaine restent particulièrement limitées car leur modeste force ne fait pas le poids face à la masse aquatique. Ce sont donc les courants qui sont les véritables moteurs du plancton.
Du monde visible au monde microscopique
Le plancton est présent dans la mer, mais aussi dans les lacs et les rivières. Il peut être classé selon différents critères, comme sa taille ou son cycle de vie. D’un point de vue taxonomique, c’est-à-dire du groupe du vivant auquel ils appartiennent, on distingue quatre principaux types d’organismes planctoniques : le bactérioplancton (bactéries), le virioplancton (virus), le phytoplancton (végétaux) et le zooplancton (animaux). Beaucoup d’animaux aquatiques, qui connaissent plusieurs phases durant leur croissance, font aussi temporairement partie du plancton. C’est par exemple le cas des œufs et des larves de poissons, que l’on nomme ichtyoplancton.
La majorité des plantes et animaux qui forment le plancton sont microscopiques : certains mesurent moins d’1 micromètre. Leurs formes sont particulièrement variées : crustacés, mollusques, algues unicellulaires, dotés de flagelles, de pattes, de tentacules, ronds ou allongés, certains diaphanes, d’autres colorés… Cette superbe diversité ne peut la plupart du temps s’admirer qu’au microscope.

La Pélagie se reconnaît par ses reflets mauves. Ses tentacules peuvent s’allonger et se contracter.
La Méduse œuf au plat (Cotylorhiza tuberculata) et le Rhizostome (Rhizostoma pulmo) sont deux autres méduses très communes en Méditerranée facilement visibles. Elles sont peu urticantes.

L’identification de la Méduse œuf au plat est aisée.

Le Rhizostome possède des franges violacées. C’est par ses huit épaisses trompes qu’il aspire le plancton dont il se nourrit.
Le socle du peuple de la mer
Malgré sa modeste taille à l’échelle d’un individu, le plancton représente 98 % de la biomasse des océans. Il faut donc se figurer que tous les mammifères marins et les poissons sont à compter dans les 2 % de la biomasse restante !
Le plancton joue un rôle majeur dans l’écosystème planétaire. Tout comme les végétaux terrestres, le phytoplancton absorbe une part importante des émissions de gaz carbonique. Il fournit la moitié de l’oxygène présent sur Terre.
Dans l’eau, il constitue la base de la chaîne alimentaire : les plus petits organismes sont consommés par les organismes un peu plus gros, qui constituent eux-mêmes la nourriture des organismes visibles comme les méduses, les crevettes ou les sardines. Encore plus haut dans la pyramide, on retrouve les tortues de mer, les poissons chasseurs tel le Loup de mer (Dicentrarchus labrax), les dauphins… De plus, lorsque le plancton meurt, il tombe au fond et contribue aussi à nourrir les organismes qui y vivent.
Références
Site Chroniques du Plancton : http://www.planktonchronicles.org/fr.
DE CLERCQ Danielle, DELSATE Philippe, Étymons grecs et latins du vocabulaire scientifique français, Centre de Documentation pour l’Enseignement Secondaire et Supérieur, LLN, Belgique, 2000.
Site DORIS, Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et de la flore Subaquatiques : http://doris.ffessm.fr.
LAGUERRE Hélène, Biologie du plancton, Agrocampus Ouest.
MEINESZ Alexandre (coll.), Méditerranée mer vivante, Lions club mer de Nice, 2013.
Site Plancton du monde : http://www.plancton-du-monde.org.
WEINBERG Steven, Découvrir la vie sous-marine, Méditerranée, éditions Gap, 2013.