Le Moineau fait partie des rares oiseaux qui nous sont à tous familiers. Et pour cause : c’est un habitant des zones urbaines, parfois même client des terrasses de cafés. Pas besoin d’avoir fréquenté les campagnes pour avoir pu l’observer. Oui, mais voilà justement qu’une excursion au vert nous fait croiser à nouveau le Moineau… S’agit-il à coup sûr de la même espèce ?
Le domestique
Le Moineau le plus commun en France se nomme Moineau domestique, Passer domesticus. Comme son nom l’indique, il s’est depuis longtemps accoutumé à la vie près de l’Homme, profitant de ses cultures et de ses restes de nourriture. C’est cette espèce que tout le monde connaît.
Passereau trapu de 15 centimètres de long, il possède une tête assez grosse et un gros bec gris-noir conique, un bec de granivore. Il a le dos brun strié de noir, le dessous gris. Le mâle a une calotte grise bordée de marron, des joues blanchâtres ombrées de gris, et un plastron noir. La femelle se distingue du mâle par son aspect globalement plus grisâtre, l’absence de noir sur son plastron, et un sourcil pâle.
Le Moineau domestique vit en bande et fait son nid dans toutes sortes d’endroits : toits, cavités, parfois arbres… Il se rencontre de la ville à la campagne.
Le Moineau que l’on voit aux abords d’une ferme peut donc tout à fait être un individu de la même espèce que notre habitant des villes. Mais un autre Moineau présentant des ressemblances avec lui peut également se trouver dans les environs… Le Moineau friquet.
Le friquet
Le Moineau friquet, Passer montanus, vit principalement dans les zones rurales. Il est bien plus rare que le Moineau domestique. Pour les différencier, deux éléments importants sont à regarder : la calotte, qui ne comporte pas de gris chez le Moineau friquet mais est entièrement brune, et la joue, qui est blanche chez le friquet avec une tache noire. On peut également remarquer que la bavette du Moineau friquet est plus petite et mieux délimitée que celle du Moineau domestique.

Moineau friquet
Un autre indice d’identification peut être le comportement du Moineau friquet, d’avantage agité. C’est d’ailleurs peut-être de là que vient son nom commun de « friquet », l’adjectif « frique » ayant notamment pour sens « vif » en ancien français. Contrairement au Moineau domestique, mâles et femelles du Moineau friquet sont semblables.
Les cris des deux espèces sont proches, mais on entend dans ceux du Moineau friquet un peu plus de mélodie.
S’il ne s’aventure que très rarement dans les villes, le Moineau friquet n’est pas loin du voisinage humain. Il affectionne les lisières de bois, les parcs, les vergers, les zones proches des cultures où il peut trouver des cavités comme des murets ou des arbres à troncs creux. Sa présence à tendance à se raréfier. Il figure sur la Liste rouge 2011 des espèces menacées en France en tant qu’espèce « quasi-menacée ». Son déclin peut s’expliquer par l’expansion urbaine, la diminution des gîtes avec l’abattage des vieux arbres et la disparition des haies, et l’utilisation des insecticides et des herbicides.
Le Moineau au médaillon jaune
Un autre moineau peut être observé en France : le Moineau soulcie, Petronia petronia, qui se rencontre au sud et à l’ouest du pays, dans des zones ensoleillées au climat sec. De grande taille, marron et chamois rayé, il est reconnaissable par son ventre clair rayé de gris et par son épais sourcil pâle souligné de sombre. A la base de la gorge, il porte une tache jaune caractéristique mais qui n’est pas toujours facile à voir. De la famille des Passeridés comme les Moineaux du genre Passer, il appartient quant à lui au genre Petronia.

Moineau soulcie
Le suivi des « oiseaux communs »
Le Moineau, comme toute espèce, aussi commune nous semble-t-elle, mérite que l’on y prête attention. Bien que le Moineau domestique soit très souvent à la portée de notre regard, il attire rarement notre œil. Alors même qu’il pourrait être parfaitement connu du fait de sa facilité à être observé, c’est une espèce que l’on ne sait pas forcément distinguer des autres, et qui nous amène à croire qu’il n’y a qu’un seul et même oiseau là où il y a en réalité plusieurs espèces.
La préservation des oiseaux « communs » est en soi un grand enjeu du maintien de la biodiversité. Nombre d’espèces que l’on voyait autrefois de manière très fréquente sur l’ensemble de notre territoire sont aujourd’hui en déclin. Le Moineau friquet est notamment un bon indicateur de l’évolution de nos campagnes sur le plan environnemental, que ce soit sur nos pratiques agricoles ou sur nos modes d’aménagement du territoire. Pour pouvoir suivre les évolutions des populations au fil des ans, il est primordial de récolter des données. Le programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs, coordonné par le Centre de Recherches par le Baguage des Populations d’Oiseaux au sein du Muséum National d’Histoire Naturelle, contribue en ce sens à mieux connaître les effectifs des différentes espèces d’oiseaux en France. Chacun d’entre nous peut y participer.
Références
CORIF, Centre Ornithologique d’Île de France, Le Moineau friquet, http://www.corif.net/site/especemois/moineaufriquet.htm (page consultée en mars 2013)
GREIMAS Algirdas Julien, Dictionnaire de l’ancien français, Larousse, 2004.
MEEDDAT, MNHN, Cahiers d’Habitat Oiseaux, version provisoire 2008.
MULLARNEY Killian, SVENSSON Lars, ZETTERSTRÖM Dan, GRANT Peter J., Le guide ornitho, Delachaux et niestlé, 2007.
http://www.oiseaux.net
Site du STOC : http://vigienature.mnhn.fr/page/le-suivi-temporel-des-oiseaux-communs-stoc
UICN France, MNHN, LPO, SEOF & ONCFS, Liste rouge des espèces menacées en France, Chapitre Oiseaux de France métropolitaine, 2011.
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