Les rapaces nocturnes exercent notre fascination par leur allure et leurs mœurs d’apparences mystérieuses. On ne perçoit souvent leur présence que de loin, par un cri ou un chant à travers la nuit, ou par une silhouette qui vole silencieusement au milieu de l’ombre.
Parfois, on peut avoir la chance d’en observer avant la fin du jour, au repos sur la branche d’un arbre, avec une paire de jumelles. Voilà enfin le vrai « visage » d’un Strigiforme ! Hulotte, Effraie, Grand-duc, Chevêchette, ont tous des têtes bien différentes. Mais justement, comment les reconnaître ?
Combien de hiboux ?
L’ordre des Strigiformes est divisé en deux familles : la famille des Tytonidés, qui regroupe les Effraies dont une espèce est présente en Europe, et la famille des Strigidés, qui est composée des « vrais » chouettes et hiboux qui sont au nombre de douze espèces en Europe. En France, nous pouvons observer dans la nature l’Effraie des clochers (l’unique représentante des Tytonidés ici), la Chouette de Tengmalm, la Chevêche d’Athéna, la Chevêchette d’Europe, le Petit-duc scops, le Moyen-duc, le Hibou des marais, le Grand-duc et la Chouette hulotte. Les autres espèces européennes sont la Chouette épervière, le Harfang des neiges, la Chouette lapone et la Chouette de l’Oural, mais elles ne sont pas implantées dans notre pays. En résumé, il existe donc neuf espèces de Strigiformes en France.
Des attributs communs sophistiqués
Les Strigiformes sont des rapaces trapus, souvent nocturnes, qui possèdent tous une grosse tête ronde et une face très reconnaissable composée d’un disque facial, avec de grands yeux. Les sexes sont semblables, avec des femelles souvent un peu plus grandes que les mâles. Les Strigiformes prennent leurs proies par surprise, et sont particulièrement bien équipés pour cette technique de chasse. Ils arrivent à passer inaperçus grâce un plumage velouté qui leur permet de voler silencieusement. Ils possèdent une vue excellente. Leur cou peut se tourner à un degré exceptionnel et le champ visuel de leurs deux yeux se chevauchent de façon à fournir une zone de vision très complète. Ils ont aussi une ouïe particulièrement fine. Leur disque facial participe à cette faculté en orientant et en amplifiant les ondes sonores. C’est ce disque circulaire qui cache l’entrée de leurs conduits auditifs, conduits qui du fait de la largeur de la tête, sont suffisamment éloignés l’un de l’autre pour différer très légèrement l’arrivée d’un son. La perception de cette arrivée différentielle permet à l’oiseau de localiser avec une extrême finesse la source du bruit.
Les aigrettes que possèdent les hiboux sur le haut de leur tête ne leur servent pas d’oreilles et n’ont aucun rapport avec l’ouïe. Elles sont plus ou moins visibles selon qu’elles sont dressées, aplaties, ou plaquées sur le côté. Leur positionnement adaptable remplit diverses fonctions : séduction en période nuptiale, intimidation, ou encore camouflage. Les chouettes, elles, n’en ont pas.
Question de disque
Le disque facial des chouettes et des hiboux joue un rôle très important entre les individus puisqu’il indique leur humeur en changeant de forme. Chaque espèce à un disque bien spécifique, dont les traits sont soulignés par le contraste de leurs plumes propre à chacune des espèces.
Effraie des clochers (Tyto alba)
Apparence globale : moyenne (trentaine de centimètres de long), dessus gris-beige, dessous blanc
Disque facial blanc marqué en forme de cœur
Pas d’aigrettes
Yeux entièrement noirs
Chouette hulotte (Strix aluco)
Apparence globale : moyenne (quarantaine de centimètres de long), dessus brun variable du gris au roux, dessous beige
Grosse tête arrondie
Disque facial discret
Deux bandes pâles sur la calotte ressemblant à des sourcils
Pas d’aigrettes
Iris noires
Chevêche d’Athéna (Athene noctua)
Apparence globale : petite (vingtaine de centimètres de long) brunâtre dessus, blanchâtre dessous
Tête ronde et large par rapport au reste de son corps, avec un aspect d’ensemble rappelant l’arrondi d’une « poupée russe »
Disque facial discret
Sourcils blancs en barre qui lui donnent un air « sévère »
Pas d’aigrettes
Iris jaunes
Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus)
Apparence globale : petite (vingtaine de centimètres de long), dessus brun, dessous blanchâtre
Grande tête ronde
Disque facial clair marqué de noir qui, avec ses yeux cerclés de noir, lui donnent un air « étonné »
Pas d’aigrettes mais bords frontaux de la calotte érectiles qui peuvent prendre un certain relief
Iris jaunes
Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum)
Apparence globale : très petite (quinzaine de centimètres de long), dessus brun-gris, dessous blanchâtre
Tête plutôt petite
Disque facial peu marqué mais sourcils blancs qui lui donnent un air « morose »
Pas d’aigrettes
Iris jaunes
Hibou des marais (Asio flammeus)
Apparence globale : moyen (trentaine de centimètres de long), dessus brun-jaunâtre, dessous blanc-beige
Disque facial marqué
Petites aigrettes érectiles invisibles quand elles ne sont pas dressées
Iris jaunes et yeux cerclés de noir
Grand-duc (Bubo Bubo)
Apparence globale : très grand (soixantaine de centimètres de long), dessus brun foncé, dessous brun-jaunâtre
Grande tête arrondie
Disque facial grisâtre discret
Grandes aigrettes
Iris oranges
Moyen-duc (Asio otus)
Apparence globale : moyen (trentaine de centimètres de long), dessus brun-jaunâtre, dessous blanc-beige
Disque facial marqué
Aigrettes érectiles qui peuvent être presque invisibles quand elles ne sont pas dressées
Iris oranges
Petit-duc scops (Otus scops)
Apparence globale : petit (vingt centimètres de long), dessus brun, dessous brun plus clair
Disque facial discret
Aigrettes érectiles qui peuvent être presque invisibles quand elles ne sont pas dressées
Iris jaunes
Références
ELPHICK Jonathan, WOODWARD John, Oiseaux, Larousse, 2005.
MEBS Theodor, SCHERZINGER Wolfgang, Rapaces nocturnes de France et d’Europe, Delachaux et Niestlé, 2006.
MULLARNEY Killian, SVENSSON Lars, ZETTERSTROM Dan, GRANT Peter J., Le guide ornitho, Delachaux et Niestlé, 2007.
www.oiseaux.net
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